Le coin des Légendes

Villefranche et sa légende

A l’endroit où coule aujourd’hui le Morgon, après avoir sali ses eaux rares aux boueux égouts de la quarantaine, s’étendaient au Moyen Âge de vastes marécages, séjour des joncs et des vorgines. Dans cet humide domaine où tout le long du jour, coassent les crapauds, au revers des fossés quelques bœufs étiques paissent une herbe rare. Les bergers, desoeuvrés, taillent des flûteaux dans l’écorce des saules.
Un jour, les bœufs maigres s’aventurent dans le marais, en quête d’herbe tendre. Ils vont droit devant eux ; les bergers, un moment, les voient se courber, ployer leurs genoux noueux et se prosterner, le mufle dans les joncs. Grand est leur étonnement devant ce spectacle qu’ils ne comprennent point. Ils frappent les bêtes pour les chasser du marais où leurs genoux s’enlisent, mais ces brutales invites sont vaines : les bœufs restent prosternés.
S’approchant de l’endroit que semblent fixer obstinément les bons gros yeux des bœufs, les bergers fouillent les joncs et y découvrent une statue de la Sainte Vierge.
Aussitôt, ils s’empressent, vont conter au curé de la vieille église de Sainte-Madeleine, qui est au pied de la tour du péage, leur étrange aventure. Vite on court à la prairie où la statue sainte repose sous l’œil des bœufs toujours prosternés.
L’image est transportée dans le lieu saint, mais le lendemain déjà elle n’est plus là. En grande hâte on retourne au marais où la statue toute seule est revenue. Le miracle était trop certain pour que personne se méprit sur sa signification. Une petit chapelle fut aussitôt bâtie, qui prit le nom de Notre-Dame-des-Marais, pour commémorer la singulière aventure des bœufs maigres des bords du Morgon.

Et quand grandit la petite ville autour du pieux sanctuaire, on construisit à sa place la belle église gothique à la haute flèche élancée que borde la calade.

Pour d'autres légendes cliquez ici